Le récent arrêt de la Cour de cassation n° 37880 du 15 juin 2023 représente une clarification importante en matière de saisie patrimoniale et des présomptions y afférentes, notamment en ce qui concerne l'article 240-bis du code pénal. Cet article régit la saisie des biens même à l'encontre de tiers, mais non sans conditions spécifiques qui doivent être respectées pour garantir un procès équitable.
La saisie visée à l'art. 240-bis du code pénal est un instrument destiné à priver un sujet des biens acquis de manière illicite. Cependant, l'arrêt en question précise que, pour pouvoir appliquer cette mesure à l'encontre d'un tiers étranger à l'infraction, il est nécessaire que l'accusation prouve par des éléments concrets l'existence d'une discordance entre la titularisation formelle et la disponibilité effective du bien.
Saisie ex art. 240-bis c.p. – Opérativité à l'égard des tiers – Présomption fondée sur la disproportion entre la valeur des biens et le revenu perçu – Suffisance – Exclusion – Conditions. Aux fins de l'opérativité de la saisie visée à l'art. 240-bis c.p. à l'égard du tiers étranger à la commission d'une des infractions mentionnées par ladite norme, il incombe à l'accusation de prouver, en s'appuyant sur des éléments factuels se caractérisant par leur gravité, leur précision et leur concordance, l'existence de la discordance entre la titularisation formelle et la disponibilité effective du bien, la seule présomption fondée sur la disproportion entre la valeur des biens inscrits et le revenu déclaré par le tiers n'étant pas suffisante, étant donné que cette présomption est prévue par l'art. 240-bis c.p. uniquement à l'égard de l'accusé.
Ce sommaire met en évidence l'importance d'une preuve solide et détaillée pour justifier la saisie à l'encontre de tiers. En d'autres termes, la Cour de cassation établit que la charge de la preuve ne peut se limiter à des considérations générales, mais doit se fonder sur des données concrètes et vérifiables.
L'arrêt n° 37880 de 2023 représente un pas significatif vers une plus grande protection des droits des tiers dans le cadre des mesures de saisie patrimoniale. Il souligne l'importance d'un respect rigoureux des garanties procédurales, en évitant que des présomptions faibles ne puissent justifier des décisions drastiques comme la saisie des biens. Dans un système juridique qui vise à concilier la lutte contre la criminalité et la protection des droits individuels, cet arrêt offre une orientation claire dans l'application correcte du principe de non-culpabilité et de la nécessité de preuves concrètes.