La question de savoir qui doit prendre en charge l'initiation de la procédure pour l'exécution du travail d'intérêt général, peine substitutive de plus en plus répandue pour des délits tels que la conduite en état d'ivresse, a souvent suscité des incertitudes. Une décision récente et significative de la Cour de cassation, l'Arrêt n° 17884 du 07/02/2025 (déposé le 13/05/2025), intervient pour clarifier la situation, en définissant précisément les responsabilités et en dissipant les interprétations divergentes.
La conduite en état d'ivresse, régie par l'art. 186 du Code de la route, est un délit qui peut entraîner, entre autres peines, l'application du travail d'intérêt général (TIG) comme peine substitutive. Cette option, introduite pour favoriser la rééducation et la réinsertion sociale du condamné, permet de convertir la peine de prison ou l'amende en une activité non rémunérée au profit de la collectivité. Le Décret Législatif n° 274/2000, à l'art. 43, régit en général l'exécution des peines substitutives. Cependant, le point critique concernait l'identification du sujet sur lequel pesait la charge d'activer concrètement la réalisation de cette activité une fois qu'elle était ordonnée par le juge.
Traditionnellement, on pouvait penser que c'était au condamné de faire le premier pas, en cherchant un organisme conventionné ou en présentant des demandes. Cette interprétation risquait cependant de créer des disparités et des complications, notamment pour les personnes moins informées ou disposant de moins de ressources. C'est dans ce contexte que la Cour de cassation est intervenue, en fournissant une interprétation fondamentale pour la gestion correcte de ces peines.
L'Arrêt n° 17884/2025, rendu par la Cinquième Section Pénale de la Cour de cassation (Président L. V., Rapporteur D. C.), a traité le cas de D. S., annulant sans renvoi l'ordonnance du Tribunal de Crotone. Le cœur de la décision tourne autour d'un principe cardinal que la Cour a voulu réaffirmer avec force :
En matière de conduite en état d'ivresse, il incombe au ministère public, en tant qu'organe chargé de l'exécution pénale, d'initier la procédure visant à la réalisation de l'activité de travail identifiée comme peine substitutive de la peine infligée, cette charge ne reposant pas sur le condamné.
Cette maxime est d'une importance extraordinaire. La Cour de cassation établit de manière sans équivoque que l'initiative pour l'avancement du travail d'intérêt général incombe au Procureur de la République. Ce n'est pas au condamné de "chercher" le travail ou de solliciter l'UEPE (Bureau d'Exécution Pénale Extérieure) pour l'attribution. Au contraire, c'est le Procureur, en tant qu'organe chargé de l'exécution pénale, qui doit activer toutes les procédures nécessaires pour que le condamné puisse effectivement réaliser l'activité de travail substitutive. La Cour a appliqué ce principe en annulant une ordonnance qui avait rejeté la demande de remise en état des délais d'un condamné, précisément en raison de l'inertie de l'UEPE compétent et de l'expiration du délai prévu dans la sentence pour le début de l'activité.
Cette décision s'inscrit dans la lignée de précédents conformes (par exemple, Sez. 4, n. 7172 du 2016, Rv. 266618-01 et Sez. 4, n. 53684 du 2016, Rv. 268551-01), renforçant une orientation jurisprudentielle visant à protéger la position du condamné et à garantir la correcte exécution des peines pénales.
Les conséquences de cet arrêt sont significatives tant pour les condamnés que pour les organes chargés de l'exécution pénale :
L'Arrêt n° 17884 de 2025 de la Cour de cassation représente un point fixe dans la matière complexe de l'exécution des peines substitutives. Il clarifie que la charge d'initier la procédure pour la réalisation du travail d'intérêt général en cas de conduite en état d'ivresse incombe exclusivement au Procureur de la République. Cette décision offre non seulement une plus grande sécurité juridique, mais renforce également la protection du condamné, en garantissant que l'exécution de la peine s'effectue selon des principes d'efficacité et de justice. Pour ceux qui se trouvent dans cette situation, ou pour les professionnels du droit, connaître cette décision est essentiel pour agir correctement et faire valoir ses droits.