La coopération judiciaire internationale représente un pilier essentiel dans la lutte contre la criminalité transnationale. Cependant, elle soulève souvent des questions complexes, notamment lorsque des systèmes juridiques différents entrent en conflit. L'un des aspects les plus débattus concerne l'extradition et, en particulier, l'évaluation de la prescription de l'infraction par l'État auquel la remise d'un individu est demandée. Sur ce point, la Cour de Cassation s'est prononcée par un arrêt de grande importance, le n° 19473 du 09/04/2025, apportant des éclaircissements essentiels sur les limites des pouvoirs de l'État requis.
L'extradition est un mécanisme par lequel un État remet à un autre État un individu accusé ou condamné pour une infraction, afin qu'il soit jugé ou purge sa peine. Elle est régie par des traités internationaux et des normes internes, telles que l'article 705 du Code de procédure pénale italien. Parmi les motifs pouvant justifier le refus d'extradition, la prescription de l'infraction joue un rôle fondamental. Mais à qui incombe la décision de déterminer si l'infraction est prescrite ? Est-ce l'État requérant, qui a formulé la demande d'extradition, ou l'État requis, qui doit statuer sur la remise, qui doit effectuer cette vérification ?
La question n'est pas anodine. Elle implique un délicat équilibre entre la souveraineté de l'État requis et la nécessité d'assurer une coopération judiciaire efficace, tout en respectant les spécificités du système juridique de l'État requérant. L'arrêt en question, qui concernait un prévenu nommé R. I. Y. et rejetait le recours contre une décision de la Cour d'Appel de Salerne, s'inscrit précisément dans ce débat.
En matière d'extradition vers l'étranger, il n'appartient pas à l'État requis, sur la base des pratiques internationales liées à l'application des traités prévoyant la prescription de l'infraction comme motif de refus de la remise, de déterminer de manière autonome la maturation du délai de prescription, étant donné qu'il s'agit d'une vérification qui peut impliquer des évaluations juridiques complexes réservées à l'État requérant, lequel, s'il est sollicité, peut fournir des indications utiles à cet égard, que l'État requis n'a pas la faculté de contrôler. (Cas d'espèce concernant une demande d'extradition présentée par les États-Unis d'Amérique).
Cette maxime cristallise un principe cardinal : l'État auquel la demande d'extradition est adressée ne peut se substituer à l'État requérant dans l'appréciation de la prescription de l'infraction. La raison est claire : la prescription est une institution juridique qui peut varier considérablement d'un système à l'autre, tant en ce qui concerne les délais que les causes d'interruption ou de suspension. Effectuer cette évaluation demanderait à l'État requis d'appliquer des lois étrangères, une tâche qui, outre sa complexité intrinsèque, pourrait porter atteinte à la souveraineté et à la compétence exclusive de l'État qui a initié la procédure pénale. La Cour a donc souligné que cette vérification est une prérogative de l'État requérant, lequel, s'il est interrogé, peut fournir les indications nécessaires, sans que l'État requis ait la faculté de les contrôler sur le fond.
La décision de la Cassation, avec le Président D. A. G. et le Rapporteur G. M. S., réaffirme l'importance du principe de confiance mutuelle entre les États dans le cadre de la coopération judiciaire. Cette approche est fondamentale pour éviter que les demandes d'extradition ne se transforment en une occasion de réexaminer le fond des questions juridiques de l'État requérant. L'arrêt, qui concernait une demande d'extradition présentée par les États-Unis d'Amérique, souligne que le rôle de l'État requis est principalement de vérifier la subsistance des conditions formelles et substantielles prévues par les traités et les lois internes, mais non de se superposer à l'évaluation d'aspects procéduraux et substantiels de la compétence exclusive de l'autre système juridique.
L'arrêt n° 19473 de 2025 de la Cour de Cassation apporte un éclaircissement faisant autorité et nécessaire en matière d'extradition. En établissant que l'État requis ne peut déterminer de manière autonome la prescription de l'infraction, la Cour suprême renforce le principe de confiance mutuelle et le respect des compétences juridictionnelles entre États. Cette décision contribue à délimiter avec plus de précision les frontières de la coopération judiciaire internationale, garantissant que l'extradition puisse se dérouler de manière plus fluide et efficace, tout en respectant pleinement les garanties légales et les spécificités de chaque système juridique. Pour les professionnels du droit, cet arrêt représente un point de référence indispensable pour interpréter correctement les dynamiques complexes qui caractérisent les relations juridictionnelles avec les autorités étrangères.