Cassation n° 15755/2025 : trajectoires jurisprudentielles sur le maintien de l'étranger après l'annulation de l'expulsion

Par l'arrêt n° 15755 déposé le 22 avril 2025, la Cour de cassation intervient à nouveau sur le délicat équilibre entre sécurité publique et liberté personnelle de l'étranger en situation irrégulière. L'affaire trouve son origine dans un décret de validation du maintien émis par le Juge de paix de Milan conformément à l'art. 14, alinéa 4, du décret législatif 286/1998, puis contesté en Cassation après que le décret préfectoral d'expulsion ait été annulé en juridiction. La Cour suprême annule sans renvoi la mesure restrictive pour absence ultérieure de base légale.

Le contexte normatif et la nouveauté du décret-loi 145/2024

La discipline du maintien administratif a été récemment modifiée par le décret-loi du 11 octobre 2024 n° 145, converti en loi 187/2024. Le texte a étendu les cas et la durée maximale du maintien, suscitant des interrogations de compatibilité avec l'art. 13 de la Constitution et l'art. 5 de la CEDH. Malgré l'élargissement des pouvoirs préfectoraux, la finalité purement exécutoire de la mesure demeure : assurer le renvoi de l'étranger faisant l'objet d'une mesure d'expulsion ou de refus d'entrée.

La maxime de l'arrêt

En matière de maintien administratif des personnes étrangères dans le régime procédural consécutif au décret-loi du 11 octobre 2024, n° 145, converti, avec modifications, par la loi du 9 décembre 2024, n° 187, l'annulation juridictionnelle du décret préfectoral d'expulsion, intervenue pendant le recours en cassation contre le décret de validation du maintien adopté par le juge de paix ex art. 14, alinéa 4, du décret législatif 25 juillet 1998, n° 286, entraîne l'annulation sans renvoi également de ce dernier provvedimento pour absence ultérieure de base légale, étant donné que la mesure de maintien est toujours instrumentale à l'exécution d'un décret d'expulsion ou de refus d'entrée.

Commentaire : la Cour réaffirme que la liberté personnelle ne peut être restreinte que si elle est strictement nécessaire à l'exécution d'une mesure valide. Lorsque la mesure d'expulsion vient à manquer, le maintien perd sa raison d'être et devient illégitime. Le principe, en accord avec l'art. 5 CEDH, renforce le contrôle juridictionnel sur les mesures restrictives et impose à l'Administration publique de surveiller constamment la persistance des conditions préalables.

Implications opérationnelles pour la défense

L'arrêt offre des pistes stratégiques pour ceux qui défendent les droits des étrangers :

  • Focus sur la séquence procédurale : contester rapidement le décret d'expulsion peut avoir un impact indirect sur la mesure de détention.
  • Utilisation de l'art. 620 du code de procédure pénale : en Cassation, il est possible de demander l'annulation sans renvoi pour défaut originel ou ultérieur de base légale.
  • Référence aux paramètres constitutionnels et européens : l'avocat doit toujours invoquer l'art. 13 de la Constitution et l'art. 5 CEDH pour renforcer la demande de libération.
  • Suivi des suspensions : lorsque l'expulsion est suspendue ou annulée en première instance, il faut immédiatement demander la cessation du maintien.

Le dialogue avec la jurisprudence antérieure

Ce n'est pas la première fois que la Cassation affirme la nature accessoire du maintien : déjà les arrêts n° 9556/2025 et n° 2967/2025 – rappelés par la Cour elle-même – avaient défini le même principe. Cependant, la décision d'aujourd'hui consolide l'orientation dans le cadre du nouveau décret-loi 145/2024, en entravant les interprétations extensives qui pourraient créer des « maintiens sans cause ».

Conclusions

L'arrêt 15755/2025 représente un rempart important pour la protection de la liberté personnelle des étrangers, mettant un frein aux dérives d'un système qui risque de chroniciser la détention administrative. Pour les professionnels du droit, il s'agit d'un précédent faisant autorité auquel se référer dans les tribunaux et dans les négociations avec l'autorité administrative, dans la perspective d'un équilibre effectif entre les exigences de sécurité et les droits fondamentaux.

Cabinet d'Avocats Bianucci