Le paysage juridique italien est constamment appelé à évoluer pour contrer les formes les plus insidieuses de criminalité organisée, en particulier celles qui sapent les fondements de la démocratie : les élections. Dans ce contexte, le récent arrêt n° 17870, déposé le 12 mai 2025, de la Cour suprême de cassation, s'impose comme un phare de clarté sur le thème délicat de l'échange électoral politico-mafieux, définissant avec précision les conditions de constitution du délit prévu par l'article 416-ter du Code pénal. Cette décision, dont le rapporteur était le Dr F. Aliffi, rejetant un recours contre le Tribunal de la liberté de Reggio Calabria, offre des pistes de réflexion fondamentales pour comprendre la portée des modifications législatives introduites en 2019 et leur application pratique.
Le délit d'échange électoral politico-mafieux, régi par l'article 416-ter du Code pénal, représente l'un des instruments les plus importants pour lutter contre l'infiltration mafieuse dans la vie politique et administrative. Cette norme punit quiconque accepte la promesse de procurer des votes en échange de l'octroi ou de la promesse d'argent ou d'une autre utilité, avec l'aggravante que le pacte vise à favoriser une association de type mafieux. La loi du 21 mai 2019, n° 43, a introduit des modifications significatives à cet article, le rendant plus incisif et moins ambigu. L'objectif était de surmonter les difficultés d'interprétation qui avaient parfois entravé l'application de la norme par le passé, notamment en ce qui concerne la nécessité de prouver la "méthode mafieuse". La réforme a cherché à faciliter la répression des comportements dans lesquels le politique, tout en n'étant pas lui-même un mafieux, se sert du "paquet de voix" garanti par l'organisation criminelle, en échange de faveurs ou de concessions.
La décision de la Cassation (Président V. Siani) aborde précisément le nœud central des modifications de 2019, en se concentrant sur la distinction entre le recruteur de voix qui est déjà un membre de l'association mafieuse et celui qui, au contraire, en est étranger ou agit "uti singulus". La Cour, avec une clarté exemplaire, a établi des principes qui auront un impact durable sur la jurisprudence en la matière. Nous reproduisons ci-dessous la maxime extraite de l'arrêt :
Aux fins de la constitution du délit d'échange électoral politico-mafieux, dans le texte postérieur aux modifications introduites par la loi du 21 mai 2019, n° 43, si le sujet qui s'engage à recruter les suffrages est un membre de l'association mafieuse, il n'est pas nécessaire que le recrutement s'effectue avec la méthode mafieuse, tandis que, lorsqu'il en est étranger ou qu'il opère de toute façon "uti singulus", la preuve que l'accord contemple une activité de recrutement effectuée selon les modalités de l'art. 416-bis, troisième alinéa, cod. pen. est requise.
Cette maxime est d'une importance fondamentale. Elle distingue deux scénarios très précis :
Cette interprétation renforce la portée de la norme, facilitant l'établissement du délit lorsque l'interlocuteur est un mafieux, sans toutefois étendre de manière indiscriminée la responsabilité à ceux qui n'ont pas de liens directs avec la criminalité organisée, pour lesquels la nécessité de prouver la méthode mafieuse reste ferme.
L'arrêt 17870/2025 de la Cassation, dans l'affaire impliquant D. A. et d'autres, représente une pièce cruciale dans la lutte contre la criminalité organisée et la protection de la transparence électorale. Il offre un guide clair et contraignant pour les juges et les professionnels du droit, distinguant avec précision les différentes hypothèses d'implication dans le délit d'échange électoral politico-mafieux. Cette décision souligne l'engagement constant de la jurisprudence à protéger l'intégrité du processus démocratique contre toute forme de conditionnement illicite, réaffirmant que la liberté du vote est un pilier irréductible de notre République et que toute tentative de la polluer sera poursuivie avec la plus grande fermeté.