Le récent arrêt de la Cour de cassation n° 24848 du 17 mai 2023, déposé le 8 juin 2023, traite d'une question d'une importance capitale en droit de la famille et en droit pénal, concernant l'accès au domicile du conjoint séparé et la légalité de l'enregistrement de vidéos à l'intérieur de celui-ci. Cette décision clarifie les limites des comportements potentiellement intrusifs dans la vie privée, fournissant une interprétation importante de l'article 615-bis du Code pénal.
La question centrale concerne les comportements d'un conjoint séparé admis de manière ponctuelle dans le domicile de l'autre conjoint. En particulier, la Cour a statué que filmer des scènes de vie privée sans consentement n'intègre pas le délit d'ingérences illicites dans la vie privée. En effet, l'article 615-bis du Code pénal garantit la protection de la vie privée au domicile, mais ne s'applique qu'à ceux qui sont étrangers aux actes de la vie privée, et non à ceux qui, comme en l'espèce, ont un accès légitime au domicile.
Conjoint séparé admis, de manière ponctuelle, à accéder au domicile de l'autre conjoint - Enregistrement vidéo de scènes de vie privée à l'intérieur du domicile en l'absence de consentement - Délit d'ingérences illicites dans la vie privée - Configurabilité - Exclusion - Raisons. N'intègre pas le délit d'ingérences illicites dans la vie privée le comportement de celui qui, admis à accéder au domicile du conjoint séparé, procède à filmer, sans consentement, les rencontres entre ce dernier et le fils mineur, car l'art. 615-bis, cod. pen., qui protège la vie privée au domicile, sanctionne le comportement de celui qui est étranger aux actes – objet de captation – de la vie privée, c'est-à-dire aux actes ou événements de la personne dans un lieu réservé, et non celui de celui qui a été admis, même ponctuellement, à en faire partie.
Cet arrêt a plusieurs implications pratiques pour les conjoints séparés. Premièrement, il clarifie que la possibilité d'enregistrer des vidéos à l'intérieur du domicile du conjoint n'est pas automatiquement considérée comme une violation de la vie privée, lorsque le sujet qui effectue l'enregistrement a été légitimement admis. Cependant, il est essentiel que l'accès soit temporaire et ne constitue pas un abus de confiance. De plus, il convient de considérer les conséquences juridiques liées à l'enregistrement de mineurs, qui nécessitent une attention particulière pour protéger leurs droits et leur vie privée.
L'arrêt n° 24848 de 2023 représente une avancée importante dans la définition des frontières entre le droit à la vie privée et les dynamiques familiales. Il souligne comment l'accès légitime à un domicile peut entraîner des droits et des devoirs spécifiques, et comment le respect de la vie privée doit rester central dans les relations familiales. Connaître ces dynamiques est fondamental pour quiconque se trouve à gérer des situations de séparation ou de divorce, afin que les droits de tous puissent être protégés, en particulier ceux des plus vulnérables, tels que les mineurs.