Le récent arrêt n° 10576 du 18 avril 2024, rendu par le Tribunal de Trapani et présidé par le Dr F. De Stefano, offre d'importants éléments de réflexion sur le champ d'application des mesures de prévention et leur impact sur les droits des créanciers. En particulier, la Cour a déclaré irrecevable le recours en cassation présenté par F. contre le décret rejetant la demande d'admission au paiement d'une créance garantie par hypothèque. Cette affaire soulève des questions fondamentales concernant l'accès à la justice et la protection des droits patrimoniaux dans les procédures pénales.
Les mesures de prévention, régies par la loi n° 228 de 2012, visent à prévenir le danger d'activités illicites par l'utilisation de biens confisqués. Cependant, la question centrale de l'arrêt examiné concerne l'impossibilité de contester, en matière civile, les décrets relatifs à ces mesures. En particulier, les juges ont souligné que le recours en cassation n'est pas recevable pour le décret de rejet de la demande d'admission au paiement de la créance, car le juge civil n'a pas compétence pour examiner de tels cas. Ce principe repose sur une distinction claire entre les compétences des juges ordinaires et celles des juges spécialisés en matière de mesures de prévention.
« (RECOURS EN) - MESURES DES JUGES ORDINAIRES (IMPUGNABILITÉ) - DÉCRETS Demande d'admission au paiement de la créance visée à l'art. 1, alinéa 198, loi n° 228 de 2012 - Décret rendu dans le cadre de la procédure de mesures de prévention - Contestation - Recours en cassation en matière civile - Irrecevabilité - Fondement. Contre le décret de rejet de la demande d'admission au paiement de la créance, formulée par le créancier ayant une garantie hypothécaire sur les biens faisant l'objet de confiscation, conformément aux art. 1, alinéas 194 et ss., loi 228 de 2012 et 665 c.p.p., rendu dans le cadre d'une procédure de mesures de prévention, aucun recours en cassation en matière civile n'est recevable, lequel, par conséquent, doit être déclaré irrecevable, le juge civil étant institutionnellement dépourvu de compétence. »
Cette maxime souligne clairement que la nature de la mesure et le contexte dans lequel elle est rendue déterminent sa contestabilité. La Cour a réaffirmé que le décret rendu dans une procédure de mesures de prévention ne peut faire l'objet d'un recours en cassation, étant donné que le juge civil ne possède pas la connaissance nécessaire pour traiter ces questions. Par conséquent, les créanciers, même titulaires de garanties hypothécaires, se trouvent en position de désavantage quant à la satisfaction de leurs créances.
L'arrêt n° 10576 de 2024 représente une évolution importante dans la jurisprudence concernant les mesures de prévention et leur impact sur les droits des créanciers. La décision de la Cour de déclarer irrecevable le recours en cassation souligne la nécessité d'une distinction claire des compétences entre les différents organes juridictionnels. Il est essentiel que les créanciers garantis puissent avoir une conscience claire des limitations légales auxquelles ils sont soumis, afin de pouvoir planifier adéquatement leurs stratégies de recouvrement de créances.