La récente ordonnance de la Cour de cassation, n° 9138 du 5 avril 2024, offre des pistes de réflexion importantes sur le thème du whistleblowing et de la protection des lanceurs d'alerte. Dans cet article, nous tenterons de décomposer les principaux éléments de l'arrêt, en clarifiant les implications juridiques et pratiques pour les travailleurs et les organisations concernées.
Le whistleblowing, c'est-à-dire la dénonciation d'irrégularités par des employés publics ou privés, est régi en Italie principalement par le décret législatif n° 165 de 2001 et la loi n° 179 de 2017. Ces réglementations visent à protéger les lanceurs d'alerte contre d'éventuelles représailles, tout en garantissant la transparence et l'intégrité dans l'administration publique.
Dans le cas spécifique, un travailleur avait déposé une plainte auprès de l'Autorité Nationale Anticorruption, exposant des faits couverts par le secret d'entreprise. Cependant, par la suite, il avait communiqué anonymement à un organe de presse les détails de la plainte. La Cour a estimé que ce comportement dépassait les modalités prévues pour la protection du lanceur d'alerte, excluant par conséquent le droit à la protection.
Signalement conformément à l'art. 54-bis du d.lgs. n° 165 de 2001 ratione temporis applicable (dit "whistleblowing") - Plainte déposée auprès de l'Autorité nationale anticorruption - Sa communication anonyme à des organes de presse - Modalités excédant la finalité de l'élimination de l'irrégularité - Configurabilité de la disposition de l'art. 3, alinéa 3, de la l. n° 179 de 2017, ratione temporis applicable - Conciliation concrète avec le droit à la liberté d'expression et de critique - Droit à la protection du lanceur d'alerte - Exclusion - Cas d'espèce. En matière de signalement de conduites illicites conformément à l'art. 54-bis du d.lgs. n° 165 de 2001 (ratione temporis applicable), la communication anonyme à des organes de presse de la plainte déposée auprès de l'Autorité nationale anticorruption concernant des faits couverts par le secret d'entreprise, professionnel ou de fonction, relève de la prévision expresse de l'art. 3, alinéa 3, de la l. n° 179 de 2017 (ratione temporis applicable), de sorte que leur divulgation par des modalités excédant la finalité de l'élimination de l'irrégularité exclut le droit à la protection du lanceur d'alerte selon une conciliation d'intérêts à opérer concrètement avec le droit à la liberté d'expression et de critique. (Dans le cas d'espèce, la S.C. a confirmé l'arrêt de fond qui avait affirmé le bien-fondé de l'addebito disciplinaire adressé à un travailleur pour avoir mis à disposition d'un journaliste les contenus d'une plainte, déposée en qualité de whistleblower auprès de l'Autorité nationale anticorruption, de faits couverts par le secret d'entreprise, dont la divulgation a été constatée comme ayant eu lieu en dehors du canal de communication spécifiquement prévu dans le but de l'élimination de l'irrégularité objet du signalement).
L'arrêt n° 9138 de 2024 souligne l'importance de respecter les canaux officiels de signalement pour garantir la protection des lanceurs d'alerte. Lorsque le comportement du whistleblower excède les modalités prévues par la loi, comme dans le cas de communications à des organes de presse, on risque de compromettre non seulement sa propre protection, mais aussi la crédibilité des signalements eux-mêmes. Il est fondamental que les travailleurs soient conscients de ces limites, afin de protéger leurs droits et de contribuer efficacement à la lutte contre la corruption et les irrégularités.