La répartition des compétences entre le juge ordinaire et le juge militaire est un point crucial du droit pénal. La Cour de Cassation, par son arrêt n° 20317 de 2025, présidé par le Dr S. G. et dont le rapporteur était le Dr L. A. V., a apporté une clarification définitive sur le détournement de fonds impliquant des militaires, en soulignant le principe de spécialité.
Lorsqu'un même fait, tel que le détournement de fonds, peut être qualifié à la fois selon le Code Pénal ordinaire (art. 314) et selon le Code Pénal Militaire de Paix (art. 215), il se crée un "conflit apparent de normes". L'article 15 du Code Pénal résout ce conflit en appliquant le principe de spécialité : la norme la plus spécifique prévaut sur la norme générale. L'arrêt en question a utilisé ce principe pour établir la compétence juridictionnelle, suite à une question soulevée par le Tribunal de Brindisi.
La Cour de Cassation a identifié deux éléments clés qui rendent le détournement de fonds "militaire" et attribuent la juridiction au magistrat militaire :
Ces exigences subjectives et objectives sont décisives pour identifier la norme spéciale et le juge compétent.
En matière de répartition des compétences, lorsqu'un fait historique est contesté et qu'il peut être rattaché à la fois à la qualification de détournement de fonds militaire et à celle de détournement de fonds ordinaire, il se réalise un conflit apparent de normes à résoudre, en application du principe de spécialité de l'art. 15 du code pénal, en reconnaissant la juridiction du magistrat militaire, compte tenu des éléments de spécialisation de la qualité de l'agent – puisque l'art. 215 du code pénal militaire de paix n'incrimine que le "militaire chargé de fonctions administratives ou de commandement" – et de l'appartenance de l'objet de l'appropriation à l'administration militaire. (Dans sa motivation, la Cour a rappelé les arrêts antérieurs de la jurisprudence de légitimité qui ont reconnu la spécialité de la loi pénale militaire, en ce qu'elle s'adresse à un public plus restreint et est destinée à satisfaire des intérêts tout à fait particuliers, par rapport à la loi ordinaire).
Cette maxime établit que si un militaire exerçant des fonctions spécifiques s'approprie des biens de l'administration militaire, c'est le juge militaire qui se prononcera. La spécificité de la norme militaire découle de son application à des sujets et des biens spécifiques, protégeant les intérêts propres de l'ordre juridique et de la discipline des Forces Armées.
L'arrêt n° 20317 de 2025 est une référence cruciale pour la répartition des compétences. Il confirme qu'en présence des exigences spécifiques du détournement de fonds militaire, la compétence revient au juge militaire. Cela garantit la clarté juridique et renforce la protection des intérêts particuliers de l'ordre juridique militaire, soulignant l'importance d'une application du droit attentive aux spécificités du contexte.