Les Limites du Recours du Ministère Public en Cassation : Analyse de l'Arrêt n° 18986/2025 sur la Double Conformité de Relaxations

Dans le paysage complexe du droit de la procédure pénale italien, le rôle de la Cour de Cassation est fondamental pour garantir l'uniformité interprétative et la correcte application des normes. Une récente décision, l'Arrêt n° 18986 de 2025, rendu par la Sixième Chambre Pénale, offre d'importantes clarifications sur les limites du recours du Ministère Public (P.M.) en présence d'une "double conformité" de relaxations. Cette décision mérite une analyse approfondie pour en comprendre les implications pratiques et la portée dans le système des recours.

La "Double Conformité" de Relaxations : Un Concept Clé

Le principe de la "double conformité" se vérifie lorsque deux degrés de juridiction, généralement le premier et l'appel, parviennent à la même conclusion, dans notre cas, une relaxe de l'accusé. Ce scénario limite les possibilités de recours en Cassation, notamment en ce qui concerne l'évaluation des faits. La Cour de Cassation, en effet, n'est pas un troisième degré de mérite, mais un juge de légitimité, dont la tâche principale est de vérifier la correcte application de la loi et l'absence de vices logiques ou juridiques dans la motivation des jugements de fond. L'arrêt que nous analysons aborde précisément cette délicate interaction entre la reconstruction factuelle et la qualification juridique du délit.

Le Cœur de la Question : La Maxime de la Cassation

La décision de la Cour de Cassation, avec son autorité, établit un principe fondamental qui délimite l'admissibilité du recours du P.M. dans des situations spécifiques. Voici la maxime qui résume le cœur de la décision :

En matière de pourvoi en cassation, est irrecevable, en présence d'une "double conformité" de relaxations, le pourvoi formé par le ministère public par lequel est critiquée la qualification juridique erronée du délit au motif que la reconstruction des faits, opérée par les juges du fond, est erronée, étant donné que, dans ce cas, le grief porte sur un vice de motivation, non déductible au sens de l'art. 608, alinéa 1-bis, du code de procédure pénale.

Cette maxime met en évidence un point crucial : bien que le P.M. puisse légitimement recourir pour critiquer une qualification juridique erronée des faits, ce recours devient irrecevable si, derrière la prétendue qualification erronée, se cache en réalité une contestation de la reconstruction factuelle opérée par les juges du fond. En d'autres termes, si pour soutenir que le délit a été mal qualifié, le P.M. doit nécessairement argumenter que les faits ont été établis de manière erronée, alors son recours se heurte à l'interdiction de proposer à nouveau en Cassation une lecture différente des éléments de preuve, surtout en présence d'une double conformité de relaxations.

Implications Normatives et Jurisprudentielles

La décision repose sur des principes établis du code de procédure pénale. L'article 606 du c.p.p. énumère les motifs pour lesquels le pourvoi en cassation est admis, notamment la violation de la loi et le vice de motivation. Cependant, l'article 608, alinéa 1-bis, du c.p.p. (introduit pour renforcer le principe de la durée raisonnable du procès et la fonction nomophylactique de la Cassation) limite davantage les cas dans lesquels le P.M. peut recourir contre des jugements de relaxe, excluant, en présence d'une double conformité, les critiques qui se résolvent en une évaluation différente des faits.

L'arrêt n° 18986/2025, rapporteur Dr. P. Di Geronimo, s'inscrit dans une lignée jurisprudentielle déjà tracée, comme en témoigne le renvoi à l'arrêt précédent n° 47575 de 2016 (Rv. 268404-01). Cela renforce l'orientation selon laquelle le contrôle de la Cassation sur la motivation, bien qu'étendu à la vérification de sa logique et de sa complétude, ne peut aller jusqu'à un réexamen du fond de la quaestio facti. La qualification juridique, bien qu'étant une question de droit, est étroitement liée à la base factuelle établie. Si le P.M. conteste la qualification juridique uniquement parce qu'il n'est pas d'accord avec la reconstruction des faits, alors son grief n'est pas de droit, mais de fait, et comme tel irrecevable dans ce contexte spécifique.

Pour les professionnels du droit, cela signifie :

  • Pour le P.M. : Une plus grande attention dans la formulation des motifs de recours, qui doivent être strictement ancrés dans des violations de la loi et ne pas masquer des contestations de fond sur la reconstruction factuelle.
  • Pour la Défense : La possibilité d'invoquer la "double conformité" comme rempart contre les recours du P.M. qui tentent de remettre en question l'établissement des faits déjà consolidé.
  • Pour les Juges du Fond : L'importance d'une motivation solide et cohérente dans la reconstruction des faits, qui puisse résister à d'éventuelles critiques de légitimité.

Conclusions

L'Arrêt n° 18986/2025 de la Cour de Cassation Pénale représente une pièce importante dans la mosaïque du droit de la procédure, réaffirmant le principe de la "double conformité" de relaxations et les limites du contrôle de légitimité. Il clarifie que le recours du P.M., bien qu'il puisse porter sur une qualification juridique erronée, ne peut pas se transformer subrepticement en une contestation de la reconstruction factuelle, surtout lorsque cette reconstruction a été confirmée en deux degrés de juridiction. Cette décision contribue à renforcer la certitude du droit et à délimiter avec plus de précision les frontières entre l'établissement des faits, prérogative des juges du fond, et le contrôle de légitimité, tâche exclusive de la Cour Suprême. Une compréhension correcte de ces principes est essentielle pour tous les opérateurs du droit.

Cabinet d'Avocats Bianucci