Cour de cassation n° 29495/2025 : La PEC admise pour les appels dans le cadre de la procédure abrégée

Dans le paysage juridique italien, l'introduction du procès pénal télématique et les profondes modifications apportées par la réforme Cartabia (D.Lgs. 10/10/2022, n° 150) ont généré de nombreuses incertitudes opérationnelles. La transition vers le numérique, tout en visant l'efficacité et la rapidité, a souvent soulevé des doutes interprétatifs sur les modalités correctes de dépôt des actes de procédure, en particulier en ce qui concerne les recours. Dans ce contexte, une récente et significative décision de la Cour de cassation, l'arrêt n° 29495 du 27 juin 2025, s'avère d'une importance fondamentale, clarifiant un aspect crucial relatif à l'admissibilité des appels dans le cadre de la procédure abrégée transmis par PEC pendant une période transitoire spécifique.

Le contexte de la décision : Réforme Cartabia et procès pénal télématique

La réforme Cartabia a marqué une accélération décisive vers la numérisation de la justice pénale, introduisant l'article 111 bis du Nouveau Code de procédure pénale et établissant de nouvelles règles pour le dépôt télématique des actes. Cependant, comme il arrive souvent avec les réformes de grande envergure, des périodes transitoires ont été prévues pour permettre aux opérateurs du droit de s'adapter aux nouvelles procédures. Ces périodes, régies par des décrets d'application tels que le D.M. 27/12/2024 n° 206 et le D.M. 29/12/2023 n° 217, ont défini un cadre normatif complexe, dans lequel la coexistence d'anciennes et de nouvelles modalités de dépôt a généré des frictions et des litiges. La question centrale qui a conduit à la décision en question concernait précisément l'interprétation de ces normes transitoires, en particulier sur l'utilisation de la Poste Électronique Certifiée (PEC) pour la présentation d'actes de recours.

Le cœur de la question : Admissibilité de la PEC pour les appels abrégés

L'affaire judiciaire qui a conduit à la décision de la Cassation impliquait l'accusé G. S. et concernait un appel interjeté contre un jugement rendu à la suite d'une procédure abrégée. La Cour d'appel de Bologne avait jugé l'appel irrecevable car déposé par voie télématique (via PEC), soutenant que pour de tels actes, seul le dépôt par voie non télématique était autorisé. La Cour suprême, présidée par R. Pezzullo et dont le rapporteur était P. Cirillo, a au contraire renversé cette décision, annulant sans renvoi l'arrêt de la cour d'appel. Cette décision repose sur un principe juridique bien précis, exprimé dans la maxime que nous rapportons et commentons ci-dessous :

En matière de recours, pour les appels contre les jugements rendus à la suite d'une procédure abrégée, déposés jusqu'au 31 mars 2025, la transmission par courrier électronique certifié est également autorisée. (La Cour, en application du principe, a annulé l'arrêt de la cour d'appel qui avait jugé recevable, pour les actes de recours précisés, uniquement le dépôt par voie non télématique).

Cette maxime est d'une importance cruciale. Elle établit clairement que, pour une période spécifique – jusqu'au 31 mars 2025 – la transmission par PEC des appels contre les jugements de procédure abrégée devait être considérée comme pleinement valide et recevable. La Cassation a ainsi corrigé une interprétation restrictive qui aurait pu porter atteinte au droit de la défense et à l'accès à la justice pour de nombreux accusés. La décision souligne l'importance de respecter les dispositions des décrets législatifs et ministériels qui ont régi la phase transitoire du procès pénal télématique, reconnaissant la validité d'outils tels que la PEC lorsqu'ils sont expressément ou implicitement permis.

Les implications pratiques pour les opérateurs du droit

L'arrêt n° 29495/2025 offre un guide précieux aux avocats et aux professionnels du secteur. Il clarifie que, pour les actes de recours relevant de la période transitoire indiquée, l'utilisation de la PEC n'était pas seulement autorisée, mais représentait une modalité de dépôt valide. Cela a plusieurs implications pratiques :

  • **Validité des actes :** Il confirme la validité des appels présentés par PEC pendant cette période, évitant d'éventuelles irrecevabilités et garantissant la poursuite des procédures.
  • **Interprétation des normes transitoires :** Il fournit une interprétation authentique des normes transitoires complexes de la réforme Cartabia, servant de référence pour des cas analogues.
  • **Sécurité juridique :** Il contribue à renforcer la sécurité juridique, en réduisant l'incertitude interprétative sur des aspects procéduraux fondamentaux.
  • **Droit de la défense :** Il protège le droit de la défense, en veillant à ce que les modalités de dépôt ne deviennent pas un obstacle insurmontable à l'exercice des recours.

Il est essentiel que les opérateurs du droit soient toujours informés des dernières décisions jurisprudentielles et des évolutions normatives, en particulier dans un domaine aussi dynamique que celui du procès pénal télématique.

Conclusions : Un pas vers la clarté procédurale

L'arrêt de la Cour de cassation n° 29495 de 2025 représente une pièce importante dans le processus de consolidation du procès pénal télématique en Italie. Il ne résout pas seulement une question interprétative spécifique sur l'admissibilité de la PEC pour les appels dans le cadre de la procédure abrégée pendant une période transitoire, mais réaffirme également le principe selon lequel les formes et les modalités de dépôt des actes doivent être interprétées de manière à ne pas entraver déraisonnablement l'exercice des droits procéduraux. Une orientation qui promeut la clarté et la certitude du droit, éléments indispensables au bon fonctionnement de la justice.

Cabinet d'Avocats Bianucci