Le patrimoine culturel italien représente un trésor inestimable, un héritage de siècles d'histoire et de créativité qui nécessite une protection constante et rigoureuse. La contrefaçon d'œuvres d'art n'est pas seulement une fraude économique, mais une attaque directe contre l'authenticité et l'intégrité de ce patrimoine. Dans un contexte juridique en constante évolution, la sécurité juridique est fondamentale. L'arrêt de la Cour de cassation, n° 27673 de 2025, s'inscrit précisément dans ce scénario, apportant une clarification essentielle concernant la continuité normative entre les anciennes et les nouvelles dispositions sanctionnant le délit de contrefaçon d'œuvres d'art. Cette décision est d'un intérêt particulier pour comprendre comment notre système juridique garantit la protection des biens culturels, même face à des modifications législatives.

Le Contexte Normatif : De l'Ancienne à la Nouvelle Discipline

Avant d'analyser l'arrêt, il convient de retracer le cadre normatif de référence. Jusqu'à récemment, le délit de contrefaçon d'œuvres d'art était régi par l'article 178 du Décret Législatif du 22 janvier 2004, n° 42, connu sous le nom de "Code des biens culturels et du paysage". Cette disposition visait à lutter contre la reproduction, l'altération ou la commercialisation d'œuvres d'art fausses ou altérées, protégeant à la fois la valeur intrinsèque de l'œuvre et la foi publique. Cependant, avec l'entrée en vigueur de la Loi du 9 mars 2022, n° 22, une réorganisation de la matière pénale relative aux biens culturels a eu lieu. En particulier, l'article 5, paragraphe 2, lettre b), de ladite loi a formellement abrogé l'article 178 du D.Lgs. n° 42/2004, introduisant simultanément, avec l'article 1, paragraphe 1, lettre b), une nouvelle qualification de délit dans le Code pénal : l'article 518-quaterdecies c.p., intitulé "Contrefaçon d'œuvres d'art".

Cette modification a soulevé des interrogations quant au sort des conduites illicites commises sous l'empire de l'ancienne norme, ou dans une période de transition. La question centrale est de savoir si l'abrogation de l'ancienne norme a entraîné une dépénalisation des conduites ou si, au contraire, il y a eu une simple "transposition" du délit dans une nouvelle base normative, en maintenant intacte sa pertinence pénale. C'est là qu'intervient le principe de la "continuité normative", fondamental pour la sécurité juridique et pour éviter des vides de protection.

La Maxime de la Cassation et le Principe d'"Abrogatio Sine Abolitione"

La Cour de cassation, par son arrêt n° 27673 de 2025, a apporté une réponse claire et sans équivoque à ces interrogations, affirmant la subsistance de la continuité normative entre les deux dispositions. La maxime de l'arrêt, prononcée dans le cas de l'accusé O. N. et rapportée par le Conseiller A. S., est éclairante :

En matière de délits contre le patrimoine culturel, il y a continuité normative entre le délit visé à l'art. 178 d.lgs. 22 janvier 2004, n° 42, formellement abrogé par l'art. 5, paragraphe 2, lett. b), loi 9 mars 2022, n° 22, et celui visé à l'art. 518-quaterdecies cod. pen., introduit par l'art. 1, paragraphe 1, lett. b), de la même loi, qui sanctionne pénalement les mêmes conduites de contrefaçon d'œuvres d'art déjà punies par la disposition antérieure, relevant d'une hypothèse d'"abrogatio sine abolitione".

Cette affirmation est cruciale. La Cour, présidée par le Dr L. R., a déclaré irrecevable le recours du Tribunal des Libertés de Vérone, confirmant l'orientation selon laquelle il n'y a eu aucun vide de punissabilité. Le concept d'"abrogatio sine abolitione" (abrogation sans abolition) signifie que, bien qu'une norme ait été formellement abrogée, sa substance prescriptive et sanctionnatrice a été reproduite dans une nouvelle disposition législative. En d'autres termes, les conduites considérées comme un délit par l'article 178 du D.Lgs. n° 42/2004 sont restées telles quelles même après l'introduction de l'article 518-quaterdecies c.p., changeant simplement leur "emplacement" dans le système juridique.

Ce principe est fondamental pour plusieurs raisons :

  • Continuité de la protection : Il garantit que la protection du patrimoine culturel ne subit pas d'interruptions en raison de réformes législatives.
  • Sécurité juridique : Il apporte de la clarté aux opérateurs juridiques et aux citoyens quant à la permanence de la pertinence pénale de certaines conduites.
  • Efficacité de la loi pénale : Il évite que les responsables de délits graves ne puissent échapper à la justice en invoquant une soudaine "dépénalisation" de fait.

L'arrêt en question s'aligne sur des précédents jurisprudentiels (tels que les arrêts n° 39603 de 2024 et n° 36265 de 2023) qui ont déjà abordé des thèmes similaires, consolidant une orientation interprétative en faveur de la continuité normative dans les délits contre le patrimoine culturel.

Implications Pratiques et la Protection du Patrimoine Culturel

Les implications de cet arrêt sont significatives. Pour les enquêteurs et les juges, la prononciation de la Cassation confirme la pleine opérativité de la loi pénale contre la contrefaçon d'œuvres d'art, indépendamment de la date de commission des faits, pourvu qu'ils relèvent de la période de validité des normes en question. Pour les potentiels contrevenants, le message est clair : les conduites de contrefaçon restent illicites et punissables, sans échappatoires découlant de modifications formelles des lois.

Cela renforce l'engagement de l'État italien dans la lutte contre le trafic illicite et la falsification de biens culturels, un phénomène qui a souvent des ramifications internationales et qui mine l'intégrité historique et artistique de notre pays. La jurisprudence, en ce sens, joue un rôle crucial pour garantir que les intentions du législateur trouvent pleine application et que la justice soit effective.

Conclusions

L'arrêt de la Cour de cassation n° 27673 de 2025 représente une pièce importante dans la mosaïque de la protection pénale du patrimoine culturel. En réaffirmant le principe de continuité normative entre l'article 178 du D.Lgs. n° 42/2004 et le nouvel article 518-quaterdecies du Code pénal, la Cour suprême a apporté une garantie de sécurité juridique et d'efficacité dans la répression des conduites de contrefaçon d'œuvres d'art. Cette décision souligne l'attention constante de notre système juridique envers la sauvegarde d'un bien précieux comme le patrimoine culturel, confirmant que les modifications législatives ne peuvent et ne doivent pas créer de zones franches pour ceux qui entendent violer la loi et défigurer notre histoire et notre art. Pour une défense efficace dans ces domaines délicats, il est toujours conseillé de s'adresser à des professionnels du droit spécialisés en matière pénale et en biens culturels.

Cabinet d'Avocats Bianucci