Dans le paysage du droit pénal italien, la lutte contre le transfert frauduleux de valeurs représente une pierre angulaire dans la protection de la sécurité publique et la prévention de la criminalité économique. Dans ce contexte, la Cour de Cassation, par sa récente décision n° 18413 du 15/05/2025, a apporté d'importantes clarifications sur les dynamiques de ce délit, en particulier concernant la répétition de conduites illicites. Cet arrêt est destiné à avoir un impact profond sur l'interprétation et l'application de l'article 512 bis du Code Pénal, offrant de nouvelles perspectives sur la configuration de la pluralité de délits.
L'affaire judiciaire qui a conduit à l'arrêt en question impliquait comme prévenu A. P., impliqué dans une affaire de transfert frauduleux de valeurs. La Cour d'Appel de Catane, par son arrêt du 17/04/2024, avait rendu un verdict qui a ensuite été partiellement annulé sans renvoi par la Cour de Cassation. Sous la présidence du Dr G. L. et avec le rapport du Dr A. C., la Cour Suprême s'est trouvée à examiner une question d'importance fondamentale : si la répétition ultérieure de conduites fictives d'attribution des mêmes biens et des mêmes entités sociales donne lieu à un seul délit continu ou à une pluralité de délits autonomes. Le Procureur Général M. D. N. avait soutenu la nécessité d'une définition claire pour la correcte application de la loi.
Le cœur de la décision de la Cour de Cassation est contenu dans sa maxime, un principe qui clarifie de manière sans équivoque la position de la Cour :
En matière de transfert frauduleux de valeurs, la répétition ultérieure de conduites d'attribution fictive des mêmes biens et des mêmes entités sociales, visant à en couvrir et masquer la propriété réelle, donne lieu à une pluralité de délits punissables de manière autonome, lorsque il y a une coupure temporelle significative entre les différentes attributions fictives. (En application du principe, la Cour a jugé éteinte par prescription la première hypothèse d'attribution fictive, valorisant la circonstance qu'entre les deux conduites illicites trois années se soient écoulées et qu'une plainte ait été déposée à l'encontre de la première attributaire).
Cette affirmation est d'une importance capitale. La Cour de Cassation établit que toute attribution fictive ultérieure ne se fond pas dans la précédente, mais peut configurer un nouveau délit distinct. La clé de voûte est la « coupure temporelle significative » entre les différentes attributions. Cela signifie que si un laps de temps considérable s'écoule entre un acte de transfert frauduleux et un autre, et en particulier si d'autres facteurs interviennent comme une plainte ou l'émergence de nouvelles circonstances, chaque conduite individuelle peut être considérée comme un délit autonome. L'exemple fourni par la Cour elle-même, où la prescription de la première hypothèse a été reconnue en raison du passage de trois ans et du dépôt d'une plainte, éclaire la portée pratique de ce principe.
Cette interprétation a plusieurs implications significatives :
Les références normatives citées par la Cour de Cassation (Art. 512 bis C.P., D.L. 306/1992 art. 12 quinquies, L. 356/1992 art. 1) soulignent la continuité et la cohérence avec le cadre législatif visant à la prévention et à la répression des phénomènes de criminalité économique et organisée.
L'arrêt n° 18413/2025 de la Cour de Cassation représente un point de référence fondamental pour quiconque opère dans le droit pénal et s'occupe de délits économiques. Il clarifie que la répétition de conduites de transfert frauduleux de valeurs, si elle est séparée par une coupure temporelle significative, ne constitue pas une seule hypothèse, mais une pluralité de délits punissables de manière autonome. Ce principe renforce l'efficacité des normes anti-blanchiment et de prévention patrimoniale, offrant un moyen de dissuasion plus fort contre ceux qui tentent d'occulter la véritable propriété des biens par des attributions fictives continues. Pour les professionnels et les citoyens, c'est un avertissement à la vigilance et à la correction dans les transactions patrimoniales, soulignant comment la loi est de plus en plus intransigeante envers toute forme de dissimulation frauduleuse.