Frais de Justice de la Partie Civile dans le Cadre du Patteggiamento : La Cassation n° 16950/2025 Clarifie les Limites du Recours

La protection des droits de la partie civile dans le cadre du procès pénal est un sujet d'actualité constante et fait l'objet d'interventions jurisprudentielles fréquentes. Récemment, la Cour de Cassation, par son arrêt n° 16950, déposé le 6 mai 2025, a apporté une clarification importante concernant la liquidation des frais de justice en faveur de la partie civile dans le contexte de la procédure de patteggiamento. Cette décision est fondamentale pour comprendre les garanties procédurales et les marges de recours dans une procédure spéciale qui, par sa nature, tend à simplifier et accélérer les délais de la justice.

Le Patteggiamento et la Délicate Position de la Partie Civile

Le patteggiamento, ou "application de la peine sur demande des parties" (réglementé par l'article 444 du Code de Procédure Pénale), est une procédure spéciale qui permet à l'accusé de convenir avec le Procureur de la République d'une peine réduite en échange de la renonciation au débat contradictoire. Bien qu'il s'agisse d'une procédure visant à désengorger les tribunaux, elle ne peut ignorer complètement la position de la partie civile, c'est-à-dire la personne lésée par l'infraction qui s'est constituée en justice pour obtenir la réparation des dommages et le remboursement des frais de justice.

Traditionnellement, en cas de patteggiamento, les décisions civiles sont souvent renvoyées au juge civil, car le juge pénal se limite à prendre acte de l'accord sur la peine. Cependant, la question des frais de justice engagés par la partie civile est un aspect particulier qui nécessite une évaluation attentive, comme l'a souligné l'arrêt en question qui a vu comme accusée C. P.M. L. M. F. et comme rédactrice la Dre O. A.

L'Omission de Liquidation des Frais et le Recours en Cassation : Un Droit Fondamental

Le cœur de la décision n° 16950/2025 réside dans la possibilité pour la partie civile de se pourvoir en Cassation dans le cas où l'arrêt de patteggiamento aurait omis totalement de liquider les frais en sa faveur. La question n'est pas anodine, car l'article 573, alinéa 1-bis, du Code de Procédure Pénale, introduit par la Réforme Cartabia, prévoit que la partie civile ne peut attaquer la décision pénale que pour les intérêts civils et non pour la condamnation aux frais, qui devrait être renvoyée au juge civil. La Cassation, cependant, a interprété cette norme de manière restrictive, en excluant son applicabilité en cas d'omission totale de la décision sur les frais.

Dans ce contexte, la Cour a souligné que l'omission de statuer équivaut à une véritable lacune de la décision qui porte directement atteinte au droit de la partie civile. Cette approche est conforme au principe de l'effectivité de la protection juridictionnelle, garanti également au niveau constitutionnel et par la Convention Européenne des Droits de l'Homme (CEDH), qui impose à l'État d'assurer un recours effectif pour la violation des droits.

La Maxime de la Cassation : Analyse Approfondie

En matière de patteggiamento, la partie civile peut se pourvoir en cassation contre la décision qui a totalement omis la liquidation des frais à son profit. (Cas dans lequel la Cour a annulé sans renvoi la décision prononcée sur accord des parties, limitée à l'omission de statuer sur les frais de la partie civile, et a transmis les actes au juge de l'audience préliminaire, car, l'"an" du droit de ladite partie à la restitution des frais étant incontesté, la question de la détermination du "quantum" ne peut être incluse parmi les "questions civiles" justifiant le renvoi du traitement pour la suite au juge civil, cette quantification devant être effectuée de manière cohérente avec la nature de la procédure choisie).

Cette maxime représente le pivot de la décision et mérite un examen attentif. La Cassation affirme clairement que le recours est recevable lorsque la décision de patteggiamento ne s'est pas prononcée du tout sur la liquidation des frais de justice de la partie civile. Il ne s'agit donc pas de contester le montant des frais, mais l'absence totale de décision à cet égard.

Un aspect crucial souligné par la Cour est la distinction entre l'an et le quantum du droit. L'an, c'est-à-dire le droit lui-même de la partie civile au remboursement des frais, est dans de nombreux cas incontesté. Le quantum, en revanche, concerne le montant spécifique de ces frais. La Cassation précise que la détermination du quantum des frais n'entre pas dans les "questions civiles" qui, aux termes de l'article 573, alinéa 1-bis, c.p.p., justifieraient le renvoi du traitement au juge civil. Au contraire, la quantification doit être effectuée par le juge pénal, et de manière cohérente avec la nature de la procédure choisie, c'est-à-dire le patteggiamento.

Dans le cas spécifique examiné, la Cour a annulé sans renvoi la décision du Juge de l'Audience Préliminaire de Brindisi du 7 novembre 2024, limitée à l'omission de statuer sur les frais de la partie civile, et a transmis les actes au même juge. Cela signifie que le JAP devra procéder à la quantification des frais, sans que la partie civile n'ait à engager un nouveau procès au civil pour obtenir ce qui lui est dû.

Références Normatives et Implications Pratiques

La décision s'inscrit dans un cadre normatif complexe, qui inclut l'article 444 c.p.p. sur le patteggiamento, l'article 573 c.p.p. sur l'appel pour les intérêts civils (avec ses spécificités à l'alinéa 1-bis), et l'article 602 c.p.p. sur le renvoi des questions civiles. La Cassation, par cette interprétation, vise à garantir que la partie civile ne subisse pas un préjudice injustifié en raison du choix de la procédure spéciale par l'accusé et le Procureur de la République.

  • Protection accrue pour la Partie Civile : Le droit au remboursement des frais de justice de la partie civile est également renforcé dans la procédure de patteggiamento.
  • Élargissement des Marges de Recours : L'admissibilité du recours en cassation en cas d'omission de statuer sur les frais est confirmée, dépassant les limitations apparentes de l'art. 573, alinéa 1-bis, c.p.p.
  • Obligation du Juge Pénal : Le juge qui prononce une décision de patteggiamento a l'obligation de statuer sur les frais de justice de la partie civile, en les quantifiant de manière appropriée à la procédure.
  • Efficacité Procédurale : On évite un contentieux supplémentaire au civil pour une question qui peut et doit être résolue dans le cadre du procès pénal.

Cette décision s'aligne sur des arrêts importants, tels que l'arrêt n° 14335 de 2014 et la plus récente décision des Sections Unies n° 38481 de 2023, qui ont progressivement défini un cadre de plus grande attention aux droits de la partie civile.

Conclusions : Un Phare pour la Protection des Droits

L'arrêt n° 16950 de 2025 de la Cour de Cassation représente un point fixe dans la jurisprudence en matière de patteggiamento et de protection de la partie civile. Il réaffirme avec force que l'efficacité procédurale ne peut compromettre le droit fondamental de la partie lésée à obtenir le remboursement des frais de justice engagés. Pour les avocats et les parties civiles, cette décision offre une directive claire : l'omission de statuer sur les frais dans le patteggiamento n'est pas un vide infranchissable, mais une lacune qui peut et doit être corrigée par le recours en Cassation, garantissant ainsi une protection pleine et entière des droits.

Cabinet d'Avocats Bianucci