Dans le paysage complexe du droit pénal, le principe du procès équitable et le droit à la défense revêtent une importance capitale. L'une des situations les plus délicates et susceptibles de violations est le soi-disant "procès par contumace", c'est-à-dire le procès qui se déroule en l'absence de l'accusé. Dans ce contexte, la Cour de Cassation, par son Arrêt n° 19043 du 21/05/2025, a apporté une clarification fondamentale concernant la nullité de la notification du décret de citation à comparaître lorsque l'accusé est erronément déclaré en fuite et assisté par un défenseur d'office. Cette décision réaffirme la centralité de la connaissance effective de la procédure par l'accusé, en tant que rempart indispensable à la protection de ses droits.
Le Code de Procédure Pénale (CPP) prévoit que le procès puisse se dérouler même en l'absence de l'accusé, à condition que sa connaissance de la procédure ou sa soustraction volontaire à celle-ci ait été constatée. L'institution de la fuite, régie par l'art. 296 du CPP, se configure lorsque l'accusé se soustrait volontairement à la détention provisoire, aux assignations à résidence ou à une mesure de sûreté. La déclaration de fuite entraîne des conséquences significatives, notamment la possibilité de notifier les actes au défenseur d'office. Cependant, cette procédure, si elle n'est pas appliquée avec rigueur, peut facilement porter atteinte au droit à la défense. La question cruciale, comme l'a souligné la jurisprudence constante et maintenant réaffirmé par l'Arrêt 19043/2025, est la constatation de la volonté effective de l'accusé de se soustraire au procès et, surtout, de sa connaissance de l'existence de la procédure à son encontre.
La Cour de Cassation, par son Arrêt n° 19043/2025, a cristallisé un principe de droit d'une importance fondamentale, qui s'inscrit dans la continuité d'une jurisprudence consolidée visant à garantir la plénitude du droit à la défense. La maxime de l'arrêt, en effet, stipule :
En matière de procès par contumace, la notification du décret de citation à comparaître à l'accusé erronément déclaré en fuite et assisté par un défenseur d'office, dans le cas où l'instauration effective du rapport professionnel entre eux n'a pas été constatée, ni qu'il ne ressorte d'autres éléments indiquant que le premier ait eu une connaissance effective de la procédure, est entachée de nullité absolue, opposable à tout stade et degré de la procédure.
Cette décision est révolutionnaire par sa clarté. La Cassation, avec le Président Dr. S. Dovere et le Rapporteur Dr. E. Serrao, a annulé sans renvoi l'arrêt de la Cour d'Appel de Lecce du 16/02/2024, dans l'affaire concernant l'accusé M. I. La décision repose sur un postulat inéluctable : la notification au défenseur d'office, en présence d'une déclaration erronée de fuite, n'est valable que s'il est prouvé que l'accusé a eu une connaissance effective de la procédure. L'absence de rapport professionnel entre le défenseur d'office et l'accusé, jointe à l'absence d'autres éléments attestant de la connaissance du procès, rend la notification inefficace et entachée de nullité absolue. Cela signifie que ce vice peut être soulevé à n'importe quelle phase et à n'importe quel degré du procès, avec pour conséquence que l'ensemble du procès pourrait être déclaré nul.
L'Arrêt 19043/2025 s'inscrit dans l'orientation de la Cour Constitutionnelle et de la jurisprudence de légitimité, qui soulignent depuis longtemps l'importance de la scientia criminis (connaissance de l'accusation) et de la vocatio in ius (appel en justice) pour la régularité du procès. Parmi les références normatives citées par l'arrêt, figurent l'art. 420-bis du CPP, qui régit le procès par contumace et ses conditions, et l'art. 179 du CPP, qui énumère les cas de nullité absolue et leurs graves conséquences procédurales. La nullité absolue est le vice le plus grave qui puisse affecter un acte procédural, car elle est insanable et peut être soulevée d'office à tout stade et degré du procès, y compris en Cassation. La décision de la Cour Suprême repose sur un principe fondamental :
Cet arrêt, qui rappelle des précédents importants tels que les arrêts n° 22752 de 2021 et n° 23948 de 2020 des Sections Unies, souligne la nécessité d'une vérification minutieuse des conditions qui légitiment le procès par contumace, afin d'éviter que la justice ne se traduise par une simple formalité dépourvue de garanties substantielles.
L'Arrêt n° 19043/2025 de la Cour de Cassation représente un avertissement significatif pour tous les opérateurs du droit. Il renforce la nécessité d'une observation scrupuleuse des procédures de notification et d'une évaluation attentive du statut de l'accusé, en particulier lorsqu'il est procédé en son absence. La garantie d'un procès équitable, fondé sur la pleine connaissance des faits par l'accusé, ne peut être sacrifiée sur l'autel de la célérité ou de présomptions non étayées par des éléments concrets. Pour l'accusé M. I., comme pour tous ceux qui pourraient se trouver dans des situations analogues, cette décision est une victoire du droit à la défense et de la légalité substantielle, réaffirmant que le procès pénal, pour être juste, doit toujours assurer à l'individu la possibilité de faire valoir ses raisons, même lorsqu'il semble introuvable.