Dans le paysage juridique italien, la protection des victimes d'infractions revêt une importance toujours plus centrale, non seulement dans le domaine strictement pénal mais aussi en ce qui concerne les aspects civils découlant du fait illicite. La récente décision de la Cour de cassation, Arrêt n° 19639 du 18/04/2025, représente une clarification importante en matière de rescision du jugement et de légitimation de la partie civile, définissant des limites plus nettes pour la protection des droits de ceux qui ont subi un préjudice.
Cette décision, dont le Président était A. G. et le Rapporteur/Rédacteur E. M., intervient sur une question d'une importance pratique fondamentale, affirmant clairement la possibilité pour la partie civile d'attaquer l'acceptation de la demande de rescision du jugement pénal qui aurait révoqué des dispositions civiles à son avantage. Approfondissons ensemble les contours de cette décision et ses répercussions.
La rescision du jugement est une institution procédurale pénale relativement récente, introduite par l'art. 629-bis du Code de procédure pénale, qui permet de révoquer une décision de condamnation devenue irrévocable, rendue en l'absence de l'accusé, lorsque celui-ci démontre n'avoir pas eu connaissance du procès pour des raisons qui ne lui sont pas imputables. Il s'agit d'un instrument de justice substantielle, visant à garantir le droit à un procès équitable et, en particulier, le droit à la défense de l'accusé.
Cependant, une décision de condamnation pénale peut également contenir des dispositions civiles, telles que l'indemnisation du préjudice ou une provision, en faveur de la partie civile qui s'est constituée en partie civile dans le procès. La révocation de cette décision, suite à l'acceptation d'une demande de rescision, peut effectivement porter préjudice aux intérêts de la partie civile, en annulant ces dispositions favorables. La question se posait donc de la légitimation et de l'intérêt de la partie civile à s'opposer à cette révocation par un recours en cassation.
La Cour suprême, par l'arrêt en question (n° 19639 de 2025), s'est prononcée sur un recours présenté par la partie civile contre une ordonnance de la Cour d'appel de Naples qui avait accueilli la demande de rescision du jugement et, par conséquent, révoqué la décision de condamnation contenant des dispositions civiles favorables à la même partie civile. L'accusé dans le cas spécifique était R. P.M. L. P.
La décision de la Cour de cassation est claire et renforce la position de la partie lésée. Voici la maxime qui résume le principe affirmé :
En matière de rescision du jugement, la partie civile est légitimée et a un intérêt concret et actuel à proposer un recours en cassation contre l'ordonnance qui accueille la demande de rescision et révoque la décision de condamnation contenant des dispositions civiles à son avantage. (Dans sa motivation, la Cour a souligné que l'art. 640 du code de procédure pénale, visé par l'art. 629-bis, alinéa 4, du code de procédure pénale, ne fait pas de distinction entre les différentes parties au procès et reconnaît le droit de recours à chacune d'elles, en application du principe général énoncé par l'art. 568, alinéa 3, deuxième période, du code de procédure pénale).
Cette maxime met en évidence un principe fondamental : la partie civile, bien que n'étant pas partie au rapport pénal principal, a un intérêt direct et concret à défendre les dispositions civiles qui lui ont été reconnues en matière pénale. La révocation d'une décision de condamnation contenant de telles dispositions la prive d'un titre exécutoire, rendant nécessaire un nouveau parcours judiciaire pour obtenir réparation. Par conséquent, sa légitimation à recourir en cassation n'est pas seulement théorique, mais trouve son fondement dans la nécessité de protéger un droit déjà reconnu.
La Cour a rappelé l'art. 640 du c.p.p., qui régit le recours en cassation contre les décisions rendues en matière de rescision du jugement, soulignant que cette norme n'opère pas de distinctions entre les parties au procès. Ceci se rattache au principe général énoncé par l'art. 568, alinéa 3, deuxième période, du c.p.p., selon lequel « chaque partie a le droit de contester les décisions et ordonnances qui concluent un procès à tout état et degré, si elle y a intérêt ». Dans le cas de la partie civile, l'intérêt est manifeste et concret : maintenir l'efficacité des dispositions civiles à son avantage.
L'arrêt 19639/2025 a d'importantes implications pratiques pour la protection des victimes d'infractions. Il renforce la position de la partie civile dans le procès pénal, lui reconnaissant un rôle actif et autonome dans la défense de ses intérêts civils, même face à des procédures qui concernent principalement l'accusé.
En résumé, les points clés de cette décision sont :
Cette décision s'inscrit dans une lignée jurisprudentielle qui tend à valoriser la position de la partie civile, comme l'ont déjà souligné des maximes antérieures (par exemple, les arrêts n° 30547 de 2019 et n° 5828 de 2019, ainsi que les chambres réunies n° 15290 de 2018 et n° 6624 de 2012), qui ont progressivement élargi les garanties et les possibilités d'intervention pour la protection des intérêts civils dans le procès pénal.
L'Arrêt n° 19639 de 2025 de la Cour de cassation représente une pièce significative dans la mosaïque de la justice pénale italienne. En reconnaissant à la partie civile la pleine légitimation et l'intérêt à agir en cassation contre l'acceptation de la rescision du jugement qui révoque des dispositions civiles à son avantage, la Cour suprême ne fait pas seulement protéger plus efficacement les droits à réparation des victimes, mais réaffirme également l'importance d'une approche intégrée entre la justice pénale et civile. Pour les victimes d'infractions, cela signifie une plus grande sécurité et la certitude de pouvoir défendre avec force leurs intérêts, sans que les péripéties procédurales de l'accusé ne puissent automatiquement porter préjudice aux droits acquis. Une confirmation supplémentaire que le système juridique est en constante évolution pour garantir une protection toujours plus complète et rapide à tous les sujets impliqués dans le procès.