Vol consommé sous surveillance policière : La décision de la Cour de cassation n° 17715/2025

La frontière entre tentative de vol et vol consommé est un thème crucial, surtout lorsque l'action du délinquant est surveillée par les forces de l'ordre. La Cour de cassation, par son arrêt n° 17715 du 9 mai 2025, a apporté une clarification d'une grande importance. Présidée par Mme le juge M. V. et dont le rapporteur était Mme le juge E. M. M., cette décision concernait le cas de I. I., confirmant la condamnation pour un délit contre le patrimoine.

Vol : Quand le délit est-il considéré comme consommé ?

Selon l'article 624 du Code pénal, le vol est consommé lorsque le voleur acquiert la « pleine, autonome et effective disponibilité » du bien, en le soustrayant à la victime. Le dilemme surgit en présence d'une surveillance par la police judiciaire : l'observation empêche-t-elle la consommation du délit, le réduisant à une simple tentative (art. 56 c.p.) ?

L'arrêt n° 17715/2025 : Le principe de la Cour de cassation

La Cour suprême, par l'arrêt en question, a répondu sans équivoque, réaffirmant une orientation consolidée. Voici la maxime qui synthétise le principe :

Intègre le délit de vol sous sa forme consommée la conduite de celui qui, après avoir acquis la pleine, autonome et effective disponibilité des biens volés, même pour une courte durée, est appréhendé par la police judiciaire qui l'avait surveillé, étant donné que cette observation à distance n'est pas seulement effectuée par la personne lésée ou ses représentants, mais n'empêche pas non plus l'acquisition de la possession autonome du bien avant l'arrestation en flagrant délit. (Dans ses motifs, la Cour a précisé qu'il n'y a pas de pertinence, aux fins de la configuration de la catégorie dans sa forme consommée, de l'observation à distance par la police, soit parce qu'elle est le fruit d'une initiative occasionnelle, soit parce qu'elle constitue l'issue d'une activité d'enquête antérieure déjà en cours à l'encontre du délinquant).

Cette décision est cruciale : le vol est considéré comme consommé dès que le délinquant obtient la « pleine, autonome et effective disponibilité » du bien, même pour un très court laps de temps. L'élément discriminant est l'instauration de la possession autonome. L'observation à distance par la police judiciaire n'empêche pas la consommation du délit, car elle n'équivaut pas à une intervention qui en entrave l'appréhension. La Cour distingue clairement cette situation de la surveillance directe de la personne lésée, qui, si elle est efficace, pourrait prévenir la perfection du délit.

Conclusions : Sécurité juridique et impact opérationnel

L'arrêt n° 17715/2025 consolide une orientation jurisprudentielle essentielle. Il clarifie que le suivi policier ne transforme pas automatiquement un vol consommé en tentative, pourvu que le délinquant ait acquis le contrôle autonome du bien. Ce principe renforce la protection du patrimoine et fournit un critère d'interprétation clair pour les juges et les forces de l'ordre, favorisant une plus grande cohérence et prévisibilité en droit pénal.

Cabinet d'Avocats Bianucci